Avec son fauteuil rond Bibendum, réalisé vers 1930, qui sera acheté par Suzanne Talbot en 1933, Eillen Gray amorce son tournant moderniste. Elle est avec Marcel Breuer, René Herbst, Charlotte Perriand ou Gerrit Rietveld, l’un des précurseurs du mobilier à structure acier tubulaire et l’une des fondatrice en 1929, du mouvement d’artistes décorateurs et d’architectes, l’union des artistes modernes.
C’est au Cap Martin, à Roquebrune, qu’elle achète un terrain en 1926 avec Jean Badovici. Ils commencent à travailler sur la Villa E-1027 à partir de plans, maquettes et croquis qui seront finalisés par Gray en 1927, en liaison avec l’agencement intérieur. Le nom de la maison est un code pour Eileen Gray et Jean Badovici : E pour Eileen, 10 pour le J de Jean, 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray.
La E-1027 allie ouverture et compacité. Elle forme un L, le toit est plat, avec des baies vitrées en longueur, des pilotis au rez-de-chaussée et un escalier hélicoïdal pour la chambre d’ami. Gray et Badovici collaborent sur la structure de la maison et brevettent notamment le prototype des fenêtres coulissantes. Elle crée également l’ensemble du mobilier, avec en particulier la « Table ajustable » circulaire en verre E-1027 et les fauteuils « Transat » et « Non-Conformiste ».
La villa E.1027, est une œuvre majeure. C’ est la première construction architecturale d’Eileen Gray. Active jusqu’à la fin de sa vie, elle établit un lien entre l’ancienne génération d’artistes faisant partie de l’époque pionnière de la modernité et la génération des années 80.